
La pose de pièges est une pratique ancestrale dans le domaine de la chasse, utilisée pour réguler les populations animales et protéger les cultures. Cette technique, bien que controversée, reste un outil important pour les chasseurs et les gestionnaires de territoires. Cependant, elle nécessite une connaissance approfondie de la réglementation, des types de pièges autorisés et des méthodes de pose appropriées. Une approche éthique et responsable du piégeage est essentielle pour garantir le bien-être animal et l'efficacité des opérations de régulation.
Législation française sur les pièges de chasse
En France, la pratique du piégeage est strictement encadrée par la loi. Le code de l'environnement et divers arrêtés ministériels définissent les conditions dans lesquelles le piégeage peut être exercé. Vous devez être conscient que toute personne souhaitant pratiquer le piégeage doit obtenir un agrément préfectoral, qui n'est délivré qu'après une formation obligatoire.
La réglementation classe les pièges en cinq catégories distinctes, chacune soumise à des règles d'utilisation spécifiques. Il est crucial de comprendre que certains types de pièges, comme ceux entraînant la mort par noyade, sont totalement interdits. De plus, l'utilisation de pièges doit être déclarée en mairie et faire l'objet d'un signalement sur le terrain pour prévenir les risques d'accidents.
L'arrêté du 29 janvier 2007 fixe les dispositions relatives au piégeage des animaux classés nuisibles. Il précise notamment les conditions d'homologation des pièges, les obligations de formation des piégeurs, et les modalités de déclaration et de contrôle des opérations de piégeage.
Le piégeage est une activité réglementée qui nécessite une formation spécifique et un agrément préfectoral. Le respect scrupuleux de la législation est essentiel pour pratiquer cette activité de manière légale et éthique.
Types de pièges autorisés en france
La législation française autorise l'utilisation de plusieurs types de pièges, chacun ayant ses spécificités et ses conditions d'emploi. Il est essentiel de bien connaître ces différents dispositifs pour choisir le plus adapté à votre situation et respecter la réglementation en vigueur.
Collets à arrêtoir
Les collets à arrêtoir sont des pièges de catégorie 3, spécifiquement conçus pour la capture du renard. Ils sont constitués d'un câble formant une boucle qui se resserre sur l'animal lorsqu'il tente de passer. L'arrêtoir empêche la strangulation en limitant le serrage du collet. Vous devez respecter des dimensions précises : le câble doit avoir un diamètre minimal de 1,6 mm et l'arrêtoir doit être placé de façon à ménager une circonférence minimale de 21 cm.
L'utilisation des collets à arrêtoir requiert une grande précision dans leur pose. Ils doivent être placés de manière à ce que la partie basse de l'engin soit située entre 18 et 22 cm au-dessus du sol, avec une ouverture maximale de 20 cm de diamètre. Cette disposition ne s'applique pas pour les collets placés en gueule de terrier de renard.
Pièges à mâchoires
Les pièges à mâchoires, autrefois largement utilisés, sont aujourd'hui strictement réglementés en raison des blessures qu'ils peuvent occasionner aux animaux. Seuls certains modèles homologués, appartenant à la catégorie 2, sont autorisés. Ces pièges doivent être munis de mâchoires non dentées et être équipés d'un système de détente par pression sur une palette ou par enlèvement d'un appât.
Vous devez être particulièrement vigilant lors de l'utilisation de ces pièges. Ils ne peuvent être tendus à moins de 200 mètres des habitations et 50 mètres des routes et chemins ouverts au public. De plus, leur usage en coulée est interdit pour éviter les captures accidentelles d'espèces non ciblées.
Pièges en X ou conibear
Les pièges en X, également appelés conibear, sont des pièges à mort instantanée appartenant à la catégorie 2. Ils sont principalement utilisés pour la capture des animaux semi-aquatiques comme le ragondin ou le rat musqué. Leur utilisation est soumise à des conditions strictes : ils ne peuvent être placés qu'en marais ou à moins de 200 mètres des cours d'eau, étangs ou marais, et uniquement avec un appât végétal.
À plus de 200 mètres des points d'eau, vous pouvez utiliser ces pièges en gueule de terrier, dans des bottes de paille ou de foin, ou encore au bois dans une enceinte ménageant des ouvertures inférieures à 15 cm. L'efficacité de ces pièges repose sur leur capacité à provoquer une mort rapide de l'animal, minimisant ainsi les souffrances.
Techniques de pose des pièges
La pose efficace des pièges requiert une connaissance approfondie du terrain et du comportement des espèces ciblées. Vous devez maîtriser plusieurs techniques pour optimiser vos chances de capture tout en respectant la réglementation et l'éthique de la chasse.
Repérage des coulées et traces
Le repérage des coulées et des traces est une étape cruciale pour le succès de vos opérations de piégeage. Vous devez apprendre à identifier les signes de passage des animaux : empreintes, excréments, marques de grattage ou de frottement contre les arbres. Les coulées sont des chemins régulièrement empruntés par les animaux et constituent des emplacements privilégiés pour la pose de pièges.
Observez attentivement le terrain à différents moments de la journée pour comprendre les habitudes de déplacement des animaux. Les zones de transition entre différents habitats, comme la lisière d'un bois ou les abords d'un point d'eau, sont souvent des lieux de passage fréquentés. Votre connaissance du terrain et votre capacité à lire les indices laissés par la faune seront déterminantes pour le choix judicieux des emplacements de vos pièges.
Camouflage et dissimulation des pièges
Le camouflage et la dissimulation des pièges sont essentiels pour éviter d'éveiller la méfiance des animaux. Vous devez veiller à ce que vos pièges se fondent parfaitement dans leur environnement. Utilisez des matériaux naturels présents sur le site pour recouvrir ou masquer vos dispositifs : feuilles mortes, brindilles, mousse ou herbe selon le milieu.
Évitez de laisser des odeurs humaines sur le piège et aux alentours. Portez des gants lors de la manipulation et de la pose, et utilisez éventuellement des produits neutralisants d'odeurs. La discrétion est de mise : limitez vos allées et venues sur le site et effacez autant que possible les traces de votre passage. Un piège bien camouflé augmente considérablement vos chances de capture.
Utilisation d'appâts et leurres
L'utilisation judicieuse d'appâts et de leurres peut grandement améliorer l'efficacité de vos pièges. Le choix de l'appât dépend de l'espèce ciblée et de la saison. Pour le renard, par exemple, vous pouvez utiliser des morceaux de viande, des œufs ou des croquettes pour chiens. Pour les mustélidés, les appâts à base de poisson ou d'œufs sont souvent efficaces.
Les leurres olfactifs, comme les urines ou les sécrétions glandulaires, peuvent être utilisés pour attirer les animaux vers vos pièges. Cependant, leur emploi demande une certaine expertise pour ne pas provoquer l'effet inverse et effrayer les animaux. Renouvelez régulièrement vos appâts pour maintenir leur attractivité et adaptez-les en fonction des résultats obtenus.
Sécurisation des pièges
La sécurisation des pièges est une obligation légale et éthique. Vous devez vous assurer que vos dispositifs ne présentent aucun danger pour les personnes, les animaux domestiques ou les espèces non ciblées. Pour les pièges à mâchoires et les collets, utilisez des systèmes d'attache solides pour éviter que l'animal capturé ne s'échappe avec le piège, ce qui pourrait entraîner des souffrances prolongées.
Vérifiez régulièrement la solidité de vos ancrages, particulièrement après des intempéries. Pour les pièges-cages, assurez-vous que les mécanismes de fermeture fonctionnent correctement et que l'animal capturé ne risque pas de se blesser à l'intérieur. N'oubliez pas de signaler la présence de vos pièges conformément à la réglementation, notamment pour les pièges de catégorie 2 qui doivent être signalés de manière apparente sur les chemins et voies d'accès.
Espèces ciblées et périodes de piégeage
Le piégeage en France cible principalement les espèces classées comme susceptibles d'occasionner des dégâts. Il est crucial de bien connaître les espèces autorisées au piégeage dans votre département, car la liste peut varier selon les régions et les années. Vous devez également être attentif aux périodes de piégeage autorisées pour chaque espèce.
Piégeage du renard roux
Le renard roux est l'une des principales espèces ciblées par le piégeage en France. Sa régulation vise à limiter les dégâts qu'il peut occasionner aux élevages de volailles et à la petite faune sauvage. Le piégeage du renard s'effectue principalement à l'aide de collets à arrêtoir et de pièges-cages.
La période de piégeage du renard s'étend généralement sur toute l'année, mais peut être restreinte dans certains départements. Vous devez être particulièrement vigilant pendant la période de reproduction, de mars à juin, pour éviter de capturer des femelles allaitantes. L'utilisation de leurres olfactifs et d'appâts carnés est particulièrement efficace pour attirer les renards vers vos pièges.
Capture des mustélidés
Les mustélidés, notamment la fouine et la martre, font également partie des espèces fréquemment ciblées par le piégeage. Ces prédateurs peuvent causer des dégâts dans les poulaillers et les colombiers. Leur capture s'effectue principalement à l'aide de pièges-cages et de pièges en X de petite taille.
La période de piégeage des mustélidés varie selon les départements et les espèces. En général, elle s'étend de septembre à mars, mais peut être plus restreinte dans certaines régions. Vous devez adapter vos techniques de piégeage à ces animaux agiles et méfiants, en utilisant des appâts appropriés comme des œufs ou du poisson.
Régulation des populations de sangliers
Le piégeage du sanglier est une pratique réglementée qui nécessite une autorisation spéciale du préfet. Cette méthode est utilisée dans le cadre de la régulation des populations, notamment dans les zones où la chasse traditionnelle est difficile ou dangereuse. Seuls les pièges-cages de grande taille sont autorisés pour la capture des sangliers.
La période de piégeage du sanglier est généralement limitée et doit être définie en concertation avec la fédération départementale des chasseurs. Vous devez être particulièrement vigilant lors de la manipulation des sangliers capturés, car ces animaux peuvent être dangereux. L'utilisation d'appâts végétaux, comme le maïs ou les fruits, est recommandée pour attirer les sangliers vers les pièges.
Calendrier cynégétique et restrictions saisonnières
Le calendrier cynégétique définit les périodes d'ouverture et de fermeture de la chasse pour chaque espèce. Bien que le piégeage puisse être pratiqué toute l'année pour certaines espèces classées nuisibles, vous devez tenir compte des restrictions saisonnières qui peuvent s'appliquer.
Par exemple, le piégeage peut être interdit ou limité pendant les périodes de reproduction de certaines espèces pour éviter de capturer des femelles allaitantes ou des jeunes. De même, certaines techniques de piégeage peuvent être restreintes à certaines saisons pour des raisons de sélectivité ou de bien-être animal. Il est de votre responsabilité de vous tenir informé des réglementations en vigueur dans votre département et de les respecter scrupuleusement.
Le respect du calendrier cynégétique et des restrictions saisonnières est crucial pour une pratique éthique et durable du piégeage. Ces mesures visent à préserver l'équilibre des populations animales tout en permettant une régulation efficace des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts.
Formation et agrément des piégeurs
Pour pratiquer le piégeage en France, vous devez obligatoirement suivre une formation spécifique et obtenir un agrément préfectoral. Cette exigence vise à garantir que les piégeurs possèdent les connaissances et les compétences nécessaires pour exercer cette activité de manière responsable et efficace.
La formation au piégeage est dispensée par les fédérations départementales des chasseurs ou par des organismes habilités. Elle comprend généralement 16 heures de cours réparties sur deux jours. Le programme aborde les aspects réglementaires, les différentes techniques de piégeage, la connaissance des espèces, ainsi que les enjeux éthiques et de sécurité liés à cette pratique.
À l'issue de la formation, vous devez passer un examen pour obtenir votre agrément. Celui-ci est délivré par le préfet du département et a une validité illimitée, sauf en cas de suspension ou de retrait pour non-respect de la réglementation. L'agrément vous permet de prati
quer le piégeage sur l'ensemble du territoire national, sous réserve de respecter les réglementations locales.
Une fois agréé, vous devez tenir un relevé quotidien de vos captures et transmettre un bilan annuel à la préfecture. Cette obligation de suivi permet aux autorités de surveiller l'évolution des populations d'espèces piégées et d'adapter si nécessaire les mesures de régulation.
Éthique et bonnes pratiques du piégeage
Le piégeage est une activité qui soulève des questions éthiques importantes. En tant que piégeur responsable, vous devez adopter des pratiques qui minimisent la souffrance animale et respectent l'environnement. Voici quelques principes essentiels à suivre :
Minimisation de la souffrance animale
La réduction de la souffrance des animaux capturés doit être votre priorité absolue. Utilisez toujours des pièges homologués et correctement entretenus pour éviter les blessures inutiles. Les pièges à mort instantanée, comme les pièges en X, doivent être privilégiés lorsque c'est possible car ils réduisent considérablement le temps de souffrance de l'animal.
Pour les pièges de contention, comme les collets à arrêtoir ou les pièges-cages, veillez à les vérifier fréquemment pour ne pas laisser un animal prisonnier trop longtemps. L'utilisation de dispositifs d'alerte à distance peut vous aider à intervenir rapidement en cas de capture.
Gestion des captures accidentelles
Malgré toutes les précautions prises, il arrive que des espèces non ciblées soient capturées accidentellement. Dans ce cas, vous devez être capable d'identifier correctement l'animal et de le relâcher rapidement s'il n'appartient pas à une espèce classée nuisible. Manipulez l'animal avec précaution pour éviter de le blesser ou de vous mettre en danger.
Si l'animal est blessé, contactez rapidement un centre de soins pour la faune sauvage. Ne tentez pas de soigner vous-même un animal sauvage, sauf si vous avez reçu une formation spécifique pour cela. La capture accidentelle d'une espèce protégée doit être signalée aux autorités compétentes.
Relevé quotidien des pièges
Le relevé quotidien de vos pièges est une obligation légale et éthique. Vous devez visiter tous vos pièges au moins une fois par jour, idéalement tôt le matin. Cette visite régulière permet de limiter le temps de détention des animaux capturés et de réduire les risques de blessures ou de stress prolongé.
Lors de votre tournée, vérifiez l'état de chaque piège, son bon fonctionnement et la présence éventuelle de captures. Renouvelez les appâts si nécessaire et assurez-vous que le piège est toujours correctement dissimulé. Si vous ne pouvez pas effectuer vous-même le relevé quotidien, déléguez cette tâche à une personne compétente et formée.
Tenue du carnet de piégeage
La tenue rigoureuse d'un carnet de piégeage est essentielle pour une pratique responsable et conforme à la réglementation. Ce document doit contenir les informations suivantes pour chaque opération de piégeage :
- Date et lieu de pose des pièges
- Type de pièges utilisés
- Espèces capturées et nombre d'individus
- Devenir des animaux capturés (relâchés, euthanasiés, etc.)
- Observations particulières (captures accidentelles, état des pièges, etc.)
Ce carnet vous servira à établir votre bilan annuel de captures, mais il est aussi un outil précieux pour améliorer vos techniques de piégeage au fil du temps. Analysez régulièrement vos résultats pour identifier les méthodes les plus efficaces et les zones les plus propices à la capture des espèces ciblées.
Le respect scrupuleux de l'éthique et des bonnes pratiques du piégeage est essentiel pour maintenir la légitimité de cette activité face aux critiques. En tant que piégeur responsable, vous contribuez à la gestion durable de la faune et à la protection des écosystèmes.
En conclusion, la pose de pièges dans le domaine de la chasse est une activité complexe qui requiert des connaissances approfondies, un respect strict de la réglementation et une approche éthique irréprochable. En suivant les bonnes pratiques et en restant informé des évolutions réglementaires, vous pourrez exercer cette activité de manière efficace et responsable, contribuant ainsi à l'équilibre des écosystèmes et à la préservation de la biodiversité.